Créer de la poésie dans le paysage urbain

Le duo Pierre&Marie (Pierre Brassard et Marie-Pier Lebeau Lavoie) signe la sixième édition du parcours Lumière sur l'art baptisée Les Paysages révolutionnaires, accessible dès le 10 décembre sur l'avenue Cartier. Ils voient ainsi leurs œuvres figurer sur les luminaires géants qui ornent l'artère. Nous avons rencontré les artistes à leur atelier du quartier Saint-Sauveur afin d'en savoir un peu plus sur ces créations censées amener un peu de poésie et de couleur dans le paysage urbain.

Créer de la poésie dans le paysage urbain | 7 décembre 2020 | Article par Julie Rheaume

Le duo d'artistes Pierre&Marie dans son atelier.

Crédit photo: courtoisie

Le duo Pierre&Marie (Pierre Brassard et Marie-Pier Lebeau Lavoie) signe la sixième édition du parcours Lumière sur l’art baptisée Les Paysages révolutionnaires, accessible dès le 10 décembre sur l’avenue Cartier. Ils voient ainsi leurs œuvres figurer sur les luminaires géants qui ornent l’artère. Nous avons rencontré les artistes à leur atelier du quartier Saint-Sauveur afin d’en savoir un peu plus sur ces créations censées amener un peu de poésie et de couleur dans le paysage urbain.

En tout, 34 tableaux photographiques de Pierre&Marie vont figurer sur les abat-jour géants de l’avenue Cartier.

Couleur et fantaisie

« Le paysages révolutionnaires, ce sont vraiment des décors inventés, des décors fabriqués, bricolés, que l’on a réalisés à partir d’éléments qui se trouvaient dans l’atelier », répond Marie-Pier Lebeau Lavoie, en entrevue, lorsqu’on lui demande de décrire la démarche de Pierre&Marie pour cette aventure.

« On a commencé à travailler sur le projet au mois de mars dernier. C’était vraiment au début du confinement. On s’est retrouvés à l’atelier. Donc, on a pris la décision de travailler avec des morceaux d’œuvres, des bouts de maquettes, des matériaux que l’on avait sous la main et puis on a décidé de créer des petites natures mortes un peu fantaisistes », poursuit Marie-Pier.

« On voulait mettre une dose de couleur, de fantaisie dans le paysage, sur la place publique », ajoute Pierre Brassard.

Les artistes souhaitent ainsi « créer une émotion, dit sa complice en parlant de ce projet. On espère faire sourire, surprendre, susciter la curiosité, l’émerveillement».

« On a essayé de créer, dans le fond, de la poésie. Aussi, on a mis l’accent beaucoup sur la lumière, la luminosité, la brillance, les textures, les jeux d’échelle. On s’est beaucoup amusé à prendre de tous petits objets et à les agrandir énormément pour faire ressortir différents détails, renchérit le duo. En se baladant sur l’avenue Cartier, on peut voir des morceaux de peluches, des bouts de sous-tapis, des plaques de plafond suspendu, des bouts de bois, des choses comme ça, avec les textures très accentuées par leur dimension, qui est très grande. »

Même si Pierre&Marie a recyclé certains objets pour créer ses images, les œuvres que vous verrez sur Cartier sont totalement inédites.

Création

Les Paysages révolutionnaires sont composés de 34 images allongées d’une longueur approximative de 25 pieds chacune. Chacun des décors ont été construits dans l’atelier des artistes et plus tard photographiés à plusieurs reprises.

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Les clichés ont ensuite été peaufinés dans le cadre d’une résidence du duo au centre d’artistes VU, dans le quartier Saint-Roch. Ils y ont bénéficié d’un important soutien technique pour réaliser « ce projet photographique de grande envergure pour nous qui avons surtout une pratique sculpturale. Ce fut un gros défi technique, mais ça été super agréable à faire», raconte Marie-Pier.

Puisque le duo fait surtout dans la pratique sculpturale, voir ses œuvres figurer sur de gros luminaires sur une avenue passante, est-ce bien inhabituel pour lui? « On fait quand même de la photo. (Un projet) de cette envergure-là, à grand déploiement, avec un support qui est énorme (…), c’est la première fois. On avait déjà un peu travaillé de cette façon, mais à petite échelle », répond Pierre.

« L’aspect art public, ça nous plaît beaucoup, parce que dans notre pratique en salles, musées, galeries, centres d’artistes, il y a un côté tendre, mais grave… Quelque chose d’inquiétant, que l’on brasse souvent et que l’on aime explorer dans notre travail », poursuit Marie-Pier. « Il y a toujours un côté tragi-comique dans ce que l’on fait, enchaîne Pierre. Là, on a peut-être davantage exploité le côté comique ou fantaisiste, tendre. »

« L’art public permet de se concentrer sur le positif. Pour nous, ça nous fait du bien de travailler sur de tels projets, qui sont du bonbon pour nous », ajoute Marie-Pier.

Les deux artistes sont souvent décrits comme des autodidactes en arts visuels. Le tandem provient toutefois du milieu des métiers d’art et de l’ébénisterie. De fil en aiguille, sa pratique a évolué. Le duo est parti du bois comme unique matériau et a migré vers d’autres avenues et matières, raconte Pierre.

En famille

Les deux enfants de Pierre et Marie-Pier, qui forment un couple dans la vie, ont été mis à contribution pour la création et la calligraphie de cinq courtes phrases pour le projet Les Paysages révolutionnaires.

« Il y a des phrases poétiques qui font partie des différentes images. Ce sont nos garçons (âgés de 9 et bientôt 14 ans) qui les ont composées. On les a initiés à la tablette numérique pour intégrer ces phrases dans l’image », explique Pierre Brassard.

« Ce fut vraiment l’école à la maison et à l’atelier. On a travaillé sur ce projet en formule familiale », ajoute Marie-Pier Lebeau Lavoie.

Rappels et projets

Pour 2020-2021, la Société de développement commercial (SDC) Montcalm-Quartier des arts et le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) ont donc confié la réalisation de cette sixième édition de Lumière sur l’art à Pierre&Marie, des artistes de Québec.

La Collection de prêt d’œuvres d’art du MNBAQ a par ailleurs acquis deux œuvres de Pierre&Marie: une série de photos appelée Dissiper la magie et Un peu d’éternité, une sculpture aux allures de ballon semi-gonflé.

Les abat-jour de Pierre Ayot sur Cartier, en 2017-2018.
Crédit photo: Céline Fabriès

Depuis 2015-2016, le parcours Lumière sur l’art a vu des œuvres d’Alfred Pellan, Fernand Leduc, Rita Letendre, Jacques Hurtubise, Pierre Ayot, Manon de Pauw et Jocelyn Robert figurer sur les luminaires situés dans le quartier Montcalm.

Le duo Pierre&Marie devait participer à une exposition au Musée régional de Rimouski l’été dernier. Celle-ci a été remise à juin prochain, en raison de la crise sanitaire. Une autre expo est prévue quant à elle à Gatineau à l’automne 2021.

« Il y a d’autres projets dont on ne peut parler. On est quand même occupés. Malgré la pandémie, on est est assez chanceux d’avoir du travail », conclut Pierre Brassard.

L’inauguration officielle de cette nouvelle édition de Lumière sur l’art aura lieu le jeudi 10 décembre 2020, à 17 h, sur l’avenue Cartier, à la Place Richard-Garneau, situé à l’angle du boulevard René-Lévesque.

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