Vue sur le printemps 1918

Un fidèle lecteur, David Rajotte, nous a transmis deux photos en lien avec un événement qui a marqué la mémoire à Québec, il y a exactement un siècle : les émeutes de 1918.

Vue sur le printemps 1918 | 1 avril 2018 | Article par Jean Cazes

Vue en direction Nord sur le quartier Saint-Roch du haut de l’escalier du Faubourg. Juillet 1918.

Crédit photo: Bibliothèque et Archives Canada, fonds Ministère de la Défense nationale

Un fidèle lecteur, David Rajotte, nous a transmis deux photos en lien avec un événement qui a marqué la mémoire à Québec, il y a exactement un siècle : les émeutes de 1918.

« Je les ai trouvées dans les archives du ministère de la Défense nationale. Je crois qu’elles n’ont jamais été diffusées »,  avance l’historien et compilateur des Nouvelles du patrimoine documentaire.

Ces deux photos ont été prises en juillet 1918 au coin des rues Sainte-Claire et Saint-Réal, en haut de l’escalier du Faubourg, qui relie la Côte d’Abraham et le quartier Saint-Jean-Baptiste. Elles offrent donc toutes deux une vue de Saint-Roch. L’escalier existait à l’époque, mais l’ascenseur est évidemment apparu plus tard (1942).

Les photos ont été prises dans le cadre des réclamations d’un monsieur nommé J.A. Lecours. Il avait un magasin de bonbons, fruits et tabacs au coin des rues Sainte-Claire et Saint-Réal. Le 1er avril 1918, l’armée a défoncé son établissement. Il s’est fait voler sa marchandise. Dans un rapport, l’armée explique qu’il était nécessaire de pénétrer dans son commerce et que rien ne permettait de dire que ce sont des soldats qui ont volés ses biens. En conséquence, il n’a reçu aucune indemnité. Le saccage avait choqué. Même le maire de Québec a envoyé une lettre pour protester.

Dans la galerie en fin d’article, la photo comparative de la scène en vedette date du 25 mars 2018.

Les 100 ans des émeutes de 1918

L’opération militaire dans le commerce de M. Lecours, rapportée par David Rajotte, est survenue lors des émeutes de 1918 à Québec, durant la Première guerre mondiale. En vigueur depuis l’année précédente, la Loi du service militaire forçait alors tout homme de 20 à 35 ans, célibataire ou sans enfants, à s’enroler. Ceux qui tentaient d’échapper à la conscription se voyaient traqués par des agents fédéraux : les spotters.

Le monument Québec, Printemps 1918, dans le quartier Saint-Sauveur.
Crédit photo: Jean Cazes

Du 28 mars au 1er avril 1918, des milliers de manifestants ont pris la rue à Québec pour protester contre la violence des opérations pour retrouver et arrêter les conscrits insoumis. Devant la montée des tensions, la cavalerie et l’infanterie de l’Ontario et du Manitoba ont été appelées en renfort. Le 1er avril en soirée, des militaires armés d’une mitrailleuse ont fait feu sur la foule à l’intersection des rues Saint-Joseph Ouest, Bagot et Saint-Vallier Ouest. En plus de la centaine de blessés, quatre personnes ont été tuées. L’enquête du Coroner allait par la suite démontrer qu’il s’agissait de simples citoyens circulant à cet endroit, sans armes.

Ces émeutes et le monument Québec, Printemps 1918 signé Aline Martineau, qui les commémore à l’intersection fatidique dans le quartier Saint-Sauveur, ont fait l’objet d’un article sur Monsaintsauveur le 1er avril 2017.

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